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Les troubles bipolaires existent depuis toujours et peut-être vivez-vous avec une personne concernée par un trouble bipolaire.

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ORIGINES GRECO-ROMAINES DES TROUBLES BIPOLAIRES

Arétée de Cappadoce (1er siècle et 2ème siècle après J.C.), médecin de son état, semble être le premier auteur à avoir établi un lien entre mélancolie et manie. La mélancolie est déjà mentionnée dans ses écrits par Hippocrate (460-377 avant J.C.).

On doit à Cappadoce les premières descriptions de la succession de la mélancolie et de la manie chez un même patient.

Aristote (384-322 avant J.C.), de son côté, a abordé le thème du lien entre troubles thymiques et créativité. Cette question a été développée par Nancy Coover Andreasen (neuropsychiatre née en 1938) et Hagop S. Akiskal (psychiatre né en 1944).

LES TROUBLES BIPOLAIRES A L’ EPOQUE CLASSIQUE

C’est Robert Benton (1577-1640), dans son volumineux ouvrage sur « L’Anatomie de la mélancolie », qui évoque la mélancolie dans son sens moderne de dépression, avec une description de son alternance avec la manie.

Thomas Willis (1622-1675) met sur un même plan les deux états.

L’anatomo-pathologiste Giovanni Battista Morgagni (1682-1771) pose les problèmes de l’autonomie et de la dénomination du futur trouble bipolaire.

Le médecin français Anne-Carles Lorry (1726-1783) passe en revue les facteurs de risque qui font basculer la mélancolie vers la manie.

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LES TROUBLES BIPOLAIRES A L’AUBE DE LA PSYCHIATRIE MODERNE

Jean-Etienne Dominique Esquirol (1722-1840) est le fondateur de la nosologie française. Il proposa le terme « lypémanie » pour remplacer le terme « mélancolie », rendu trop imprécis par un long usage. Il isola au niveau sémiologique la dimension affective en distinguant la lypémanie des « monomanies ».

Philippe Pinel (1745-1826), médecin aliéniste français, intitule en 1812 un chapitre de la seconde édition de son « Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale ou La manie » de la façon suivante : La mélancolie peut-elle après quelques années, dégénérer en manie ?

Le docteur Jacquemin-Dubuisson souligne la gravité du pronostic en cas d’alternance.

Wilhelm Griesinger (1817-1868) est le principal fondateur d’une psychiatrie scientifique en Allemagne au milieu du 19ème siècle. Il a clairement reconnu que la dépression et la manie sont liées (1845). Il décrivit la maladie comme un « cercle », avec des passages réguliers d’une forme à l’autre.

En 1852, le médecin Joseph Guislain (1797-1860) définit explicitement les futurs états mixtes qualifiés aujourd’hui de manie dysphorique.

Jean-Pierre Falret (1794-1870) décrivit en 1854 la « folie circulaire », caractérisée par la répétition régulière de l’état maniaque, d’un état mélancolique, puis d’un intervalle lucide plus ou moins long.

Jules Baillarget (1809-1890) présenta en 1854 six cas de « folie à double forme », caractérisées par deux périodes régulières, l’une de dépression et l’autre, d’excitation.

EMIL KRAEPELIN ET ANTOINE RITTI ET LES TROUBLES BIPOLAIRES

Emil Kraepelin (1856-1926) a rassemblé la dépression, la manie et les états mixtes dans la catégorie diagnostique unique de la folie maniaco-dépressive. Par le choix de cette expression, il a consacré le terme « dépression », dont l’emploi était déjà assez fréquent depuis le 18ème siècle.

Les classifications de Kraepelin ont beaucoup évolué au fil des éditions successives de son traité de psychiatrie, depuis la 1ère édition, en 1883, (« Compendium de psychiatrie ») jusqu’à la 9ème, posthume.

Selon ses statistiques, les premiers épisodes maniaco-dépressifs surviennent le plus souvent entre les âges de 15 et 20 ans.

Un psychiatre britannique, Eliot Trevor Oakeshott Slater (1904-1983) a réexaminé et confirmé les résultats de Kraepelin, après avoir corrigé un biais mathématique (les cas qui rechutaient souvent étaient surreprésentés dans les calculs). Slater confirme l’existence d’un pic principal en mai-juin et d’un pic secondaire en septembre, comme l’avait établi Esquirol en son temps.

Saunier Anne Sophie

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LE CONCEPT DE MALADIE MANIACO-DEPRESSIVE CHEZ LES CONTEMPORAINS

Antoine Ritti, psychiatre français né en 1844 et mort en 1920, est l’auteur du premier ouvrage médical entièrement consacré à la folie maniaque-dépressive. Il date de 1883 et s’intitule « Traité clinique de la folie à double forme ».

On trouve dans cet ouvrage la plupart des variétés du futur trouble bipolaire, reprises à la fin du 20ème siècle par la psychiatrie américaine et intégrées dans le DSM.

Les premiers travaux psychanalytiques majeurs sur la maladie maniaco-dépressive sont dus à Karl Abraham (1877-1925).

Karl Kleist (1879-1960) est considéré comme le père de la notion de bipolarité, reprise dans le DSM-III et le DSM-IV.

La distinction unipolaire/bipolaire a été intégrée dans le DSM-III en 1980.

DSM-V et CIM-10

CRITERES DIAGNOSTICS DES TROUBLES BIPOLAIRES SELON LE DSM-5

Le DSM-5 distingue 2 types de troubles bipolaires :

  • Le trouble bipolaire de type 1, caractérisé par au-moins 1 épisode de manie ;
  • Le trouble bipolaire de type 2, caractérisé par au-moins 1 épisode de dépression et au-moins 1 épisode d’hypomanie.

CRITERES DIAGNOSTICS DES TROUBLES BIPOLAIRES SELON LA CIM-10 (F31)

Le sujet présente ou a présenté, dans le passé, au moins 1 épisode maniaque, hypomaniaque ou affectif mixte.

Le sujet présente ou a présenté dans le passé au moins 1 autre épisode affectif (hypomaniaque, maniaque, dépressif ou affectif mixte).

A l’inverse du DSM, un seul épisode maniaque (F31) ou affectif mixte (F38.00) ne suffit pas pour le diagnostic de troubles bipolaires. Il faut que le sujet ait véritablement eu un épisode de chaque pôle, l’épisode affectif mixte pouvant compter pour l’un ou l’autre.

Mais persiste l’asymétrie vis-à-vis d’un trouble dépressif puisqu’il faut au moins un épisode maniaque, hypomaniaque ou affectif mixte en plus d’un autre trouble de l’humeur.

TROUBLES BIPOLAIRES ET PSYCHANALYSE

L’investigation psychanalytique de la psychose maniaco-dépressive est contemporaine de sa description par Emil Kraepelin (Karl Abraham, 1912). L’intervention décisive de Freud dans « Deuil et mélancolie » (1916) en élabore la structure.

Les développements de Mélanie Klein (1934) poursuivent les travaux d’Abraham dans le sens d’une approche destructive cannibalique de l’objet. Il revient à Lacan (1961) d’avoir tiré les conséquences de cette affection : un statut extrême de l’objet est une jouissance ruineuse.

Le mélancolique institue un être de l’objet par refus de la perte de l’objet et, le chargeant de haine, se fait le site de cette cruauté.

Le mélancolique est cet objet et le maniaque s’efforce de ne pas l’être.

Source: Ecole de Psychologie Clinique, Aix-en-Provence

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